L'INTERVIEW
TOKYO INTERNATIONAL SHORT FILM FESTIVAL
東京短編映画祭
INTERVIEW DE JÉRÉMY TIGNÉE l FÉVRIER 2024
INTERVIEW DE JÉRÉMY TIGNÉE l FÉVRIER 2024
TOKYO INTERNATIONAL SHORT FILM FESTIVAL (TF) : Parlez-nous des projets sur lesquels vous avez travaillé avant de réaliser "IF". Comment avez-vous commencé et comment avez-vous appris à faire des films ?
Jérémy TIGNÉE (JT) : Avant "IF", le collectif "Working Projects", créé en 2012, a travaillé sur plusieurs petits projets vidéos, dont un premier essai dans le court-métrage intitulé "Mind Asylum". Ce premier essai était un projet sans prétention, entre amis, avec peu d'expérience. J'en garde un très bon souvenir, et le résultat, bien que modeste par rapport à ce que nous faisons aujourd'hui, m'est cher. C'était mon premier rendez-vous avec le cinéma "derrière la caméra". "IF" est mon premier véritable grand projet de cette envergure aux commandes. Même si les premiers travaux du collectif ont forgé un certain savoir-faire, c'est vraiment avec "IF" que l'équipe a pu s'exprimer et s'épanouir.
(TF) : Parlez-nous de "IF". Comment le décrivez-vous ?
(JT) : Concernant "IF", tout a commencé en 2018. J'étais en vacances au soleil mais terriblement seul. Un soir, alors que j'étais accoudé au bar de l'hôtel, j'ai griffonné les premières idées et ébauches de ce qu'allait être "IF" cinq ans plus tard. C'est donc une histoire très personnelle, qui a évolué dans le temps, comme mes pensées. C'est peut-être ce qui a été le plus difficile : garder le cap, maintenir le message initial qui était si important pour moi en 2018, tout en y apportant mes propres évolutions. Le Jérémy de 2018 n'est plus le même que celui d'aujourd'hui. Et "IF" a suivi le même chemin.
(TF) : Quels sont vos réalisateurs préférés ?
(JT) : Je n'ai pas vraiment de réalisateur de film préféré, mais plutôt des œuvres qui m'ont marqué. Souvent, ce ne sont pas les mêmes réalisateurs ni les mêmes genres. L'essentiel pour moi, c'est d'être touché. J'ai beaucoup apprécié autant les gros blockbusters que les films plus intimistes. Bien sûr, certains films me sont chers, tels que "Léon: The Professional" et "Le Grand Bleu" de Luc Besson, mais j'ai été complètement captivé par le cinéma de Christopher Nolan avec "Inception" et "Interstellar". Actuellement, ses œuvres me parlent moins. Vraiment, je n'ai pas de préférence. L'œuvre passe avant la personne qui est derrière elle.
(TF) : Si on vous accordait un budget conséquent, quel serait votre projet idéal ?
(JT) : Je pense que la prochaine étape dans les productions de Working Projects devra simplement consister à obtenir un budget ! Bien sûr, nous avons lancé une campagne de financement pour "IF", mais cela n'a pas couvert, et de loin, les dépenses pour le film. Si je pouvais disposer d'un budget décent, ne serait-ce que pour rémunérer les comédiens et les techniciens, faire appel à de vrais professionnels dans des domaines que nous ne maîtrisons pas. Éclairer convenablement une scène, capturer le son, étalonner les couleurs, ce sont de vrais métiers. Pour l'instant, c'est un peu la débrouille avec des personnes de très bonne volonté, et c'est déjà formidable ! Pour le prochain projet, j'aimerais m'entourer de techniciens formés et autonomes afin de me concentrer sur ce qui est finalement mon travail : réaliser et mettre en scène.
(TF) : Décrivez comment vous vous êtes assuré que la production respecte le calendrier ? Quelles mesures avez vous prise ?
(JT) : Ce n'est évidemment pas la chose la plus facile à mettre en œuvre. Nous avons tous nos préoccupations et nos emplois respectifs. Alors, il faut planifier bien à l'avance. Nous organisons des réunions régulières sur certains thèmes importants, ainsi que des vérifications de l'échéancier. Qu'est-ce qui bloque ? Que devons-nous encore faire ? Nous nous fixons des échéances que nous nous imposons. Pour "IF", nous n'avions pas de producteurs externes à qui rendre des comptes. C'est bien d'un côté, mais de l'autre, il faut s'imposer des échéances... sinon, le film ne sort jamais.
(TF) : Quelle a été la partie la plus difficile de la réalisation de "IF"?
(JT) : Je pense que plus le temps avance et la production progresse, plus les choses deviennent tendues et difficiles. Lorsque toutes les journées de tournage sont terminées, je sais tout ce qu'il reste à faire... et c'était la plus grosse partie en réalité pour "IF". James Cameron exprime très bien cela : en fait, il faut faire le film deux fois, pendant le tournage et pendant le montage et la postproduction. Le vrai film, c'est quand on le fait pour la deuxième fois, et ça, je peux vous l'assurer ! Écrire, imaginer, tourner, c'est quelque chose d'éprouvant, et souvent, on ignore le résultat. La vraie création, en ce qui me concerne, s'exprime beaucoup en postproduction. Faire d'un ensemble d'images un film extraordinaire, c'est ça, selon moi, le plus difficile.
(TF) : Si possible, parlez-nous de votre prochain travail. Quels sont vos projets pour vos futures réalisations?
(JT) : Nous avons évidemment des plans pour la suite, et nous avons déjà commencé la pré-production. Ce que je peux dire pour l'instant, c'est que ce sera un nouveau court-métrage, que le projet actuel s'appelle Namm, qu'il est prévu pour 2026, et que la campagne de financement se déroulera en mai ou juin 2024. Le film racontera l'histoire d'un vieil homme au seuil de la mort sur son lit d'hôpital qui, dans un dernier élan, se parle à lui-même à travers une vieille photo de lui plus jeune. Je pense que je n'ai pas besoin d'en dire plus pour que vous puissiez imaginer ce que cet homme pourrait se dire et espérer encore. Si nos projets vous intéressent et que Namm vous parle, n'hésitez pas à visiter notre site web : www.workingprojects.be.
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If a remporté le premier prix du festival dans la catégorie :
Meilleur premier court-métrage.